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Par QuelsCaractères le 21 Janvier 2018 à 11:39
Mauvaise journée demain – Dorothy Parker
Christian Bourgeois &diteur, « Titres » n°113
En 3 mots…
Alcool, cynisme, conversation
Impressions de lecture…
Dorothy Parker, auteur (de poèmes, de nouvelles, de pièces de théâtre, de scénarii) et chroniqueuse, fut, dans l’entre-deux guerres, une figure de la scène intellectuelle new-yorkaise. Ses amis, parmi lesquels on trouve nombre de célébrités – le couple Fitzgerald, Hemingway, les Marx Brothers ou Louise Brooks, entre autres - la surnommaient « the wit » : l’esprit.
Et de l’esprit, effectivement, Dorothy Parker en avait ! Dans l’art de la chronique satirique, du trait bien senti, avec ce qu’il faut d’intelligence et de décontraction, elle en est même la parfaite incarnation.
Il y a dans ces nouvelles, réunies en recueil sous le titre Mauvaise journée demain, de l’ironie, du mordant, certains diraient de la cruauté… je parlerais plutôt de sensibilité à vif, d’acuité aiguisée. Aiguisée comme une lame de scalpel qui dissèque d’un mouvement expert les faiblesses, les mensonges, le conformisme niais, les petites hypocrisies, les manipulations du couple, des groupes humains, de l’égo… Avec l’humour et l’autocritique en forme d’indulgence… Car on sent que Dorothy Parker a dû sonder son âme et ses propres comportements pour pousser si loin la finesse d’observation et d’appréhension des ressorts psychologiques et sociaux.
Certaines nouvelles sont comme des petits jeux d’écriture, dans la forme. La brièveté de la nouvelle, en tous cas, sied parfaitement au propos, au regard. Ces textes des années 20 à 50 n’ont pas pris une ride, leurs personnages non plus, on y reconnaît bon nombre de nos contemporains… Pour ne pas dire un peu de soi-même.
Qu’est-ce qu’on voudrait avoir Dorothy pour amie ! De la retrouver dans un salon feutré pour siroter, tout en même temps un alcool fort et ses mots intelligents et piquants… Avant de songer que sa plume, l’heure d’après, ne nous épargnerait guère…
Une phrase…
« Fort heureusement, dans ce monde hétérogène, la perfection unique n’existe pas ; dans un rayon de douze rues de Park Avenue, il devait y avoir vingt pièces identiques à celle-ci ; toutes, comme celles-ci, appartenant à de jeunes hommes nerveux arrivés à des postes élevés dans de jeunes industries nerveuses, elles aussi. » p.144-145
Un passage…
« Au théâtre, même si elle doit parfois attendre des semaines pour obtenir des places de choix, elle trouve toujours moyen d’être condescendante à l’égard de ces exhibitions dont elle dira avec euphémisme : « Ma chère, il paraît que c’est la chose la plus osée que vous ayez jamais vue. J’espère que la police ne va pas arrêter le spectacle avant que nous ayons acheté nos billets. » Elle ne s’intéresse pas au théâtre noir, réaliste ou marginal. Comme elle dit, ce qu’elle aime c’est voir de beaux habits. » p.83
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